Musées Musée Condé de Chantilly    
 

e musée Condé de Chantilly possède l'une des plus importante collection de portraits français du XVIe siècle, dont 366 crayons attribués pour la plupart à Jean et François Clouet et conservés à la bibliothèque du château (voir l'exposition virtuelle sur la base Joconde), et plusieurs dizaines de tableaux rassemblés dans la salle Clouet de la Galerie de peinture.
   La quasi totalité des dessins et la majeure partie des peintures proviennent de la collection de Henri d'Orléans, duc d'Aumale (1822-1897), cinquième fils de Louis-Philippe, léguée par le prince à l'Institut de France. A ce fonds, déjà exceptionnel, s'ajoutèrent, au XXe siècle, quelques dons, tel celui de Moreau-Nélaton qui laissa au musée deux crayons, et, surtout, les 33 portraits peints donnés en 1939 par la vicomtesse de Montaigne de Poncins, provenant de la collection d'Armand de Biencourt, autrefois joyau du château d'Azay-le-Rideau.


 Les portraits au crayon du musée Condé : l'histoire de la collection
 La salle Clouet de Chantilly
Pour toute information :

Musée Condé· château de Chantilly

Renseignements : 03 44 27 31 80.
Ouvert tous les jours sauf le mardi,
de 10h30 à 17h sans interruption.
www.chateaudechantilly.com

NB. Fermeture annuelle du Domaine de Chantilly
du 5 au 9 janvier 2009

  
   Promis à une carrière militaire et politique, le duc d’Aumale fut contraint, avec la chute de la monarchie de Juillet en 1848, à un exil de vingt-deux ans en Angleterre. Le prince consacra alors son temps à l’étude de l’histoire de la famille royale de France, retraçant la vie des princes de Condé qui lui ont légué le domaine de Chantilly. C’est tout naturellement que les premiers achats de dessins du duc d’Aumale furent les portraits historiques, entre autres six crayons du XVIe siècle de la collection d’Edward Utterson qu’il acquit en 1857. Les portraits de Madame de Duras, du cardinal Philibert de la Bourdaisière, de Madame d’Alluye, de Charles de Lorraine, de François d’Alençon et de François de Carnavalet ont été suivis par d’autres (mais de moindre qualité), avant d’être rejoints par un magnifique portrait de Marguerite de Valois de la collection du conservateur du Louvre Frédéric Reiset, achetée par le duc d’Aumale en 1861.
   A son retour en France en 1870, et après l’installation à Chantilly, la collection d’œuvres d’art du prince, désormais immense, a été complétée, en mai 1876, par une des plus fabuleuses collections de portraits : celle du duc de Sutherland. Elle fut formée par Alexandre Lenoir, créateur du musée des Monuments français sous la Révolution. Parmi les 148 dessins de cette collection, on trouve vingt-sept crayons, dont un recueil de dix-sept copies et un portrait de Paul sire d'Andouins, très proche par son style des dessins d’Utterson. Enfin, en 1885 le duc achète à la vente Cheney un portrait d’Elisabeth d’Espagne, fille de Henri II.
   La petite collection de « Clouet », quarante pièces environ, fut exposée dans la galerie de Psyché. Par le testament du duc d’Aumale de 1884 et les modifications apportées en 1886, à cause du nouvel exil de la famille d’Orléans, elle devint, avec les autres dessins, la propriété de l’Institut de France. Mais à son retour en France en 1889, même n’étant plus que l’usufruitier de ses propres biens, le prince continua de réaliser des acquisitions dont la plus importante fut celle de la collection Carlisle.
Ignorée en France, la collection des crayons des comtes de Carlisle conservée au Castle Howard était pourtant connue d’Alexandre Lenoir, qui possédait une trentaine de gravures réalisées d’après ces dessins. En 1855, le comte de Laborde fut lui aussi reçu à Castle Howard ; il donne dans son livre de 1850 une liste de quatre-vingt-six dessins encadrés dans « un vaste cabinet, dont les trois murs sont couverts par leurs cadres », mais ne fait aucune mention des deux cent vingt-cinq autres, rangés alors en vrac dans des cartons. Il les trouva par ailleurs monotones et dépourvus d’intérêt, sinon iconographique. Enfin, Ronald Gower, deuxième fils du duc de Sutherland, parent des Howard, amateur de gravures et lithographe, qui reproduisit en 1874 les 136 portraits de la collection Lenoir, publia un an après trois cents lithographies exécutées de sa main d’après les portraits des Carlisle.
   Il ne semble pas que jusqu’à leur achat, le duc d’Aumale ait vu les dessins de la collection de Castle Howard. Il connaissait pourtant les lithographies de Gower (il possédait deux exemplaires de son livre), et ces reproductions, même maladroites, des portraits du connétable de Montmorency, des Condé, de François Ier, de Henri II et d’autres personnages illustres du XVI
e siècle, l’inciteraient sans doute à faire revenir ces dessins en France s’il en avait la possibilité. C’est au début de l’automne 1889 qu’il apprend que George James Howard, neuvième comte de Carlisle, est disposé à vendre sa collection de portraits dessinés.
   Pendant les mois de septembre et octobre 1889, le prince se rendit à plusieurs reprises à la Bibliothèque Nationale, où il eut des entretiens avec Georges Duplessis, conservateur du Cabinet des Estampes, et avec Henri Bouchot, auteur du catalogue de la collection de crayons du cabinet. C’est ce dernier qui fut chargé des négociations ; il partit pour l’Angleterre, et fut aussitôt conquis par la beauté des dessins. Son enthousiasme décida le duc d’Aumale à en faire l’acquisition, malgré le prix de 190 000 francs, jugé prohibitif pour l’époque. Finalement, l’acquisition fut effectuée dans la première quinzaine de décembre et Bouchot fut chargé de ramener les dessins de Londres. Le 27 décembre, le duc d’Aumale reçoit à Chantilly Léon Bonnat, Henri Bouchot et plusieurs amateurs d’art ; l’enthousiasme est général, et le duc ne cache pas sa très vive satisfaction.
   « Du prix demandé pour ces dessins aux crayons de couleurs, écrivit Bouchot dans la Revue de l’art ancien et moderne du 1er avril 1898, on eût couronné trois cents rosières ». Restaurés, montés sur du bristol à cuvette, les crayons sont rangés dans vingt boîtes de cuir rouge, sauf quelques-uns, encadrés dans les galeries de Psyché et du Logis.  
   Le nombre de portraits au crayon a depuis atteint 366 : quatre dessins sont entres au musée après la mort du duc d'Aumale, dont deux légués par Etienne Moreau-Nélaton, auteur du premier catalogue des Clouet de Chantilly.
   Les portraits exposés dans la galerie de Psyché, malheureusement déjà très abîmés par la lumière, furent décrochés en 1958. Depuis, une dizaine de dessins seulement étaient montrés au public, en 1973, à l'occasion de l'exposition « François I
er et l’art renouvelé au XVIe siècle dans les collections du château de Chantilly ». Il a fallu attendre 2002 et l'exposition « Les Clouet de Catherine de Médicis. Chefs-d'oeuvre graphiques du musée Condé » pour pouvoir enfin admirer quelques 90 de ces superbes feuilles, toutes restaurées grâce au soutien des Amis du musée, qui ont continué leur action pendant plus de cinq ans afin de permettre la restauration du reste de la collection. Un catalogue de l'exposition a été publié par Somogy éditions d'art (tirage épuisé).
  
Prochaine mise à jour : été 2009.