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Jean PERRÉAL dit Jean de Paris (Johannes Parisiensis)
(Lyon (?), vers 1455/1460 – Paris (?), juin ou juillet 1530)
eintre, portraitiste, dessinateur, miniaturiste, décorateur, Jean Perréal dit Jean de Paris fut vraisemblablement le fils du peintre Claude Perréal, qui avait travaillé pour Louis XI en 1474. En dépit de son surnom dont on ignore l’origine, mais qui semble indissociable de son nom, l’artiste était étroitement attaché à Lyon. On l’y rencontre régulièrement de 1485 à 1524. Il fut un membre influent de la corporation des « paintres, tailleurs d’imaiges et voirriers » lyonnais : son nom est cité en premier dans la liste des « maistres et compaignons » de la supplication qu’adressa la corporation au roi Charles VIII en 1496 et dans l’ordonnance du roi rendue « à Lyon, au moys de décembre l’an de grace mil IIIIc IIIIxx et seize » dont il est également premier signataire.
   A Lyon il fut responsable de l’organisation de plusieurs entrées solennelles. Ainsi, en 1485, il peignit deux écussons qui furent portés « par deux filles » le jour de l’entrée de Charles de Bourbon, archevêque de Lyon, puis plusieurs écussons pour celle de Charles I
er duc de Savoie en 1489. L’année d’après il conduisit toute l’œuvre et inventa des « histoires et mistères » pour l’entrée de Charles VIII et d’Anne de Bretagne. Il organisa ensuite celles du roi et de la reine (1494), de Louis XII (1499 et 1507) ; de l’archiduc Philippe IV, comte de Flandre (1503), de François cardinal de Rohan, archevêque de Lyon (1506) ; de François Ier (1515 et 1526), du connétable de Bourbon (1515), de la reine Claude (1516) et du duc d’Urbin (1518). Il fut souvent sollicité par le consulat de Lyon pour divers travaux édilitaires. En 1492, il peignit un lion sur une pile du pont de Saône et sur la porte de Bourg-neuf, un grand écu aux armes de France, deux anges et un lion. En 1494, il fit un relevé de la colline de Saint-Sébastien, où il était question d’établir des fortifications. En 1509, il travailla à la réfection du Pont du Rhône, dont deux arches se sont écroulées, et en 1518, fit un plan pour le nivellement et le pavage de la rue de l’Arbre-Sec. Dès cette année il portait le titre de « controleur » ou « controlator regius », puis, le 2 novembre 1523, le roi le nomma « commissaire général et maître des œuvres des réparations, fortifications, etc., des billes et places du Lyonnais, Forez et Beaujolais ».
   Le Consulat mettait également à profit l’influence que Perréal avait à la cour : le 3 février 1506, on lui écrivait pour obtenir, par son intermédiaire, la confirmation du droit de nommer le Capitaine de la Ville. Le 5 février 1512, Perréal écrivit au Consulat pour lui exprimer le mécontentement du roi, à propos de la « maulvaise polisse » et de la « maulvaise justice » de la ville. La même année il intervint auprès du roi pour obtenir que les fortifications projetées à Lyon ne nécessitent pas la destruction du faubourg Saint-Vincent.
   Vers la fin 1495 il entra au service de Charles VIII en tant que peintre ordinaire et valet de chambre : le compte de l’écurie de Charles VIII pour décembre 1495 paie au sellier du roi le harnachement d’« une hacquenée grise que chevauche Jehan de Paris painctre dudit Seigneur ». Dès septembre 1496, le Consulat de Lyon exempta Perréal, « peintre et citoyen de ceste ville » de toute imposition, sur la demande qu’il fait comme « varlet de chambre et comensal du roy ». Ses gages s’élevèrent à 240 l. t. par an – autant que ceux de Jean Bourdichon, l’artiste tourangeaux également au service du roi –, auxquels s’ajoutaient des paiements exceptionnels et divers dons, souvent en nature.
   En tant que peintre attitré, il fut pourtant peu employé pour les besognes courantes relevant de son office ainsi que pour les tableaux de piété qui incombaient le plus souvent à Jean Bourdichon, et le nom de Perréal ne figure que rarement dans les comptes royaux conservés. On le connaît davantage par son abondante correspondance et par des relations annexes, lettres, chroniques, échanges de vers, éloges rhétoriques, qui le montrent en concepteur, créateur de cartons et modèles pour la médaille, l’orfèvrerie ou la sculpture et ordonnateur de fêtes et cérémonies, comme les obsèques royales (celles d’Anne de Bretagne en 1514 et celles de Louis XII en 1515). Entre 1502 et 1507, il dessina, à la demande d’Anne de Bretagne, les patrons pour la sépulture de ses parents, François II de Bretagne et Marguerite de Foix aux Carmes de Nantes (actuellement dans la cathédrale Saint-Pierre), et dont il surveilla l’exécution par le sculpteur Michel Colombe aidé de Guillaume Regnault. En 1511, il fit le projet du tombeau de la maison de Savoie que l’archiduchesse Marguerite d’Autriche voulait ériger dans son église de Brou en Bresse et qui devait être également confié à Colombes. Marguerite d’Autriche lui donna le titre de valet de chambre et un salaire annuel de 20 écus. Il fit plusieurs projets et maquettes, mais les retards occasionnés par la vieillesse de Colombe et les calomnies des envieux finissent par pousser l’archiduchesse à se séparer de Perréal en 1512, et, après la mort de Michel Colombe, confier le travail à Jan Van Roome, dit Jean de Bruxelles, Conrad et Thomas Meyt qui utilisèrent un autre projet.
   Perréal suivit Louis XII en Italie dans ses campagnes de 1499, de 1502 et de 1509, où, selon Jean Lemaire de Belges, l’Apelle français était chargé de peindre les batailles sur fond de paysages, une sorte de chronique militaire qu’il devait ensuite commenter.
   En 1514 Louis XII l’envoya en Angleterre accompagner son ambassadeur, le sieur de Marigny, afin de vérifier si le trousseau de la princesse Marie Tudor correspondait à la mode de France et peindre le portrait de la future reine de France :

 
« Eodem tempore Ludovicus audit mariam regis anglie sororem tante esse venustatis ut regis thoro digna censeretur. Concitantur senis medulle & languescens animus redivivus effici visus est. Destinat itaque ad angliam Johannem parrhisiensem, alterum Apellem, qui mariæ formam effingat. Quam ut accepit rex semper illam commendans in sua vota primores alioquin refragantes conciliat.[1] »
   En 1522, Perréal et son épouse donnèrent au chapitre de Saint-Nizier de Lyon une chasuble et une chappe ; les chanoines leur passèrent quittance, le 8 juillet, des droits de sépulture qu’ils payèrent, pour être inhumés à Saint-Nizier. Peu sollicité depuis l’avènement de François I
er, il finit par disparaître des comptes en 1528. Il s’installa alors à Paris, où on l’appelait « M. le contrôleur » et dirigea les réparations du château de Melun, appartenant à François de Bourbon, comte de Saint-Pol. Il mourut sans doute à Paris, en juin ou en juillet 1530.
    Perréal habita, à Lyon, la rue Buisson ou la rue de la Gerbe. Il était, en 1498, dizenier dans son pennonage. Il eut ensuite une maison rue Thomassin, un jardin rue Confort et une autre petite maison avec vigne au lieu dit des Gorges, à Ecully. De sa femme il eut au moins deux fils et deux filles. Le premier, né vers 1492, fut, en 1511, envoyé étudier à Dole. Son second fils fut baptisé en 1496, son parrain étant le duc d’Orléans. Une de ses filles épousa, à Bourges, le 30 juin 1511, Georges de Ruilly, pelletier ; l’autre habitait Lyon en 1529 et 1538 et était dame de Champeneux. La veuve de Perréal vivait encore en 1545.
   La seule œuvre qui peut être attribuée à Perréal avec certitude est une miniature détachée de sa
Complainte de nature à l’Alchimiste errant (Paris, Musée Marmottan), précédée, avant le démantèlement du manuscrit, par sa signature anagrammatique (les premières lettres de chaque vers lues de haut en bas forment « IEHAN PERREAL DE PARIS »). On peut également lui donner plusieurs portraits, la spécialité du peintre lyonnais, dont ceux des rois Charles VIII et Louis XII, de Marie Tudor (perdu), de Louis de Luxembourg et de Philibert de La Platière (à la pointe de métal, Chantilly, musée Condé).
[1] Frasciculus temporum omnes antiquirum cronicas a creatione mundi usque ad annum Christi MDXXIIII subcincte complectens, una cum multis additionibus tam de gallis quam de aliis regionibus sparsim hic adjectis, que nusquam antea apposite fuerant, Paris, Jehan Petit, 1523.