Portraits dessinés des derniers Valois. Les Clouet de Catherine de Médicis
du 22 avril au 27 juin 2011
Musée Condé, château de Chantilly |
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Le portrait dessiné est né de la Renaissance française, bien que son représentant le plus illustre, son créateur même, soit flamand. Jean ou Jehannet Clouet (v. 1485-1540/1541) vient en France à la fin du règne de Louis XII, alors que l’art de Jean Perréal, portraitiste du roi, est à son apogée. Artiste polyvalent, Perréal manie à la perfection la pointe d’argent, technique préférée des maîtres italiens et des peintres du Nord. Il y renonce pourtant dans ses esquisses, séduit par le trait souple et malléable des crayons de couleur – pierre noire et sanguine, dont la teinte est si proche de la peau.
De Perréal, Clouet, nommé peintre royal peu après l’avènement de François Ier en 1515, tient non seulement cette technique, à la fois simple et exigeante, mais aussi la présentation du modèle de trois quarts et en buste et l’absence de toute mimique, geste, symbole ou accessoire. Et cependant, sa manière si française est nouvelle et sensible, sa perception directe et empreinte d’une véritable éloquence humaniste, celle même qui habite alors les poésies de Clément Marot et les traités de Guillaume Budé. Non plus de simples esquisses, mais des œuvres d’art à part entière, ce que ces dessins ne tardent pas à devenir lorsque le roi François Ier décide de garder pour lui certains des « crayons » que son portraitiste attitré lui présente pour approbation.
Le petit rassemblement de dessins du roi est le noyau d’une collection éminemment plus vaste réunie par sa belle-fille, Catherine de Médicis, qui se passionne très tôt pour les portraits dessinés de Jehannet, et de son fils et successeur, François Clouet (v. 1515-1572). Grâce à la reine qui a pieusement recueilli des centaines de feuilles des Clouet, puis au duc d’Aumale qui a fait revenir en France ces œuvres uniques exilés en Angleterre depuis le XVIIIe siècle, le visiteur de Chantilly peut aujourd’hui admirer le génie des Clouet et la splendeur de la cour des Valois.
François Clouet (v. 1515-1572) remplace son père vers 1540, recueillant, malgré son jeune âge, le titre de valet de chambre, les gages de 240 livres, l’atelier en plein essor, les commandes prestigieuses et l’affection particulière de la famille royale. Rapidement, on l’appelle Janet, comme son père, et ce surnom finit même par supplanter le nom de Clouet.
François demeure portraitiste officiel sous Henri II, François II et Charles IX, responsable de tout ce qui touche à la représentation royale jusqu’aux projets pour des monnaies ou effigies en cire pour les obsèques. Et s’il est parfois sollicité pour divers travaux de peinture ou allégories, l’essentiel de son activité reste la réalisation de portraits commandés par les souverains et Catherine de Médicis, sa plus grande admiratrice et sa plus fidèle cliente, celle surtout qui lui réclame non seulement des peintures, mais aussi des crayons. La manière toute traditionnelle et pourtant très personnelle de François Clouet correspond très exactement à ce que la reine espère trouver dans un portrait. Ses dessins sont parfaitement terminés, soignés dans leurs moindres détails. Les figures s’inscrivent plus librement afin de laisser plus de place au vêtement, qui cependant ne prend jamais le pas sur le visage. La ligne de François est plus minutieuse que celle de son père, sa facture plus régulière et souvent estompée, ses hachures plus délicates. Il aime à rendre la profondeur, les reflets, les nuances, le particulier, mais il est surtout plus sensible que Jean à l’individuel.
Le peintre meurt le 22 septembre 1572. Jamais marié, il laisse tous ses biens à sa sœur Catherine et 1200 livres de rente à ses deux filles illégitimes, Diane et Lucrèce, qui entrent peu après au couvent. Il n’a pas de fils pour lui succéder, mais son empreinte se reconnaît dans l’œuvre de tous les artistes qui travaillent alors à satisfaire le goût des Valois pour les portraits, formé au contact des deux Clouet.
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Neuf ans après la première exposition consacrée aux portraits dessinés des Clouet, le musée Condé propose une nouvelle exposition autour de ces chefs-d'oeuvre de la Renaissance et qui célèbre aussi la fin de la longue et nécessaire campagne de restauration. Plus de cent quarante dessins sont exposés dans la Galerie des Cerfs et dans la Galerie de Psyché, dédiées respectivement à Jean et à François Clouet. Et si trois tableaux ont été excepteionnellement déplacés, la belle collection du Cabinet des Clouet offre une fin merveilleuse à la visite.
Œuvres choisies : |
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Jean Clouet.
François, dauphin de France, vers 1524.
Pierre noire et sanguine. |
Jean Clouet.
Claude d'Urfé ,
vers 1535.
Pierre noire, sanguine. |
François Clouet.
Marguerite de France,
duchesse de Savoie, 1558.
Pierre noire, sanguine. |
François Clouet.
Robert IV de La Marck,
duc de Bouillon, vers 1550.
Pierre noire, sanguine. |
Autour de l'exposition :
Alexandra Zvereva, Portraits dessinés de la cour des Valois. Les Clouet de Catherine de Médicis, Paris, Arthéna, 2011. 466 pages, 620 illustrations dont plus de 150 en couleurs. Prix : 115 €.
ISBN : 978-2-903239-45-9.
Alexandra Zvereva et Nicole Garnier, Le Cabinet des Clouet au château de Chantilly. Renaissance et portrait de cour en France, Paris, Nicolas Chaudun, 2011. 168 pages. Prix : 38 €. ISBN : 978-2350391052.
Plus de détails dans la rubrique « Vient de paraître » de la Bibliothèque.
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Musée Condé, château de Chantilly
Visite guidée de l'exposition tous les samedis à 11h
Le château est ouvert tous les jours sauf le mardi de 10h à 18h. Fermeture du parc à 20h. |
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