Expertise adresse Portrait de François de France, duc d'Alençon    
 
Portrait de François de France, duc d'Alençon
puis d'Anjou (1555-1584), âgé de six ans environ
Atelier de François Clouet. Ca 1561.


Huile sur panneau de chêne.
H. 0,305 ; L. 0,230.


   Ce tableau possède toutes les caractéristiques des oeuvres attribuables habituellement à François Clouet, à savoir la technique, les dimensions, la mise en place, le style, la précision des détails. Il est pourtant difficile de l'attribuer au portraitiste royal d'après une photographie, même en supposant que le vernis soit terni. Toutefois, si la parenté de François Clouet est discutable, on peut avancer avec une certaine certitude la provenance du portrait de son atelier : le visage du petit prince est parfaitement ressemblant et conserve toute la fraîcheur d'un crayon original. La Bibliothèque nationale de France possède par ailleurs un dessin strictement identique (quoiqu'identifié actuellement comme étant le portrait de Charles IX), mais qui, en dépit de sa très belle qualité, ne peut constituer l'esquisse de ce tableau, lui-même n'étant apparemment qu'une copie. Le portrait de la BnF est dessiné sur un papier de qualité médiocre, fin et jauni, différent de celui habituellement utilisé par les artistes de l'époque. La technique diffère également de celle de François Clouet : les ombres sont très prononcées et estompées dans le visage, la structure du portrait est très géométrique, la pierre noire utilisée est d’une teinte plus noire.
   Le dessin de la BnF est à rapprocher d'un crayon de Charles IX, lui aussi conservé au Cabinet des Estampes. Celui-ci reprend les contours du portrait de 1561, mais le vêtement est modifié : le collet bordé de fourrure est remplacé par un autre, à col montant et tracé de galons. Une version peinte de cette seconde vérision, de qualité médiocre, se trouve dans la collection de Richard Philip à Londres. Mais surtout, cet habit est quasiment le même que porte le jeune monarque dans un grand portrait de 1561 le représentant avec sa mère, Catherine de Médicis, ses deux frères et sa soeur Marguerite, connu d'après deux versions, la première autrefois au Castle Howard et la seconde dans une collection privée. Enfin, la figure de François de France, en dépit de peu de ressemblance qu'offrent ces deux grands tableaux, est celle du présent portrait et du dessin de la Bibliothèque nationale.
   En effet, en 1561, la reine mère fit faire deux portraits de chacun de ses fils : le premier les montrait vêtus d'un collet bordé de fourrure (voir le portrait de Henri de France dans une collection privée et à Berlin, celui de Charles à Vienne, Chantilly ou la BnF, celui de François de France à la BnF), le second les représentant en habits noirs très semblables (pourpoint et collet à épaulettes et col montant tracés de galons d'or, celui de Henri de France est perdu). Dans toutes ces images, les enfants avaient la tête couverte d'une toque plate noire au plumet blanc ou blanc et noir, ornée de pierreries et d'un tour de bonnet en orfèvrerie. Le présent portrait de François appartient donc à la seconde série d'effigies.
   Le duc d'Alençon fut ensuite portraituré plusieurs fois, vers 1566-1568, 1570, 1572 et 1573. Ce portrait tient donc une place importante dans l'iconographie de François de France, particulièrement changeante si on la compare à celles de Charles IX ou de Henri III, présentant les contours parfaitement stables d'une image à l'autre. Il s'agit du premier portrait peint connu du duc d'Anjou, puisque, contrairement à ce qu'avance le catalogue de vente, il est différent de celui du Louvre.