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Ruggiero (Ruggero, Roger) de’ RUGGIERI (ROGERY ou ROGIER)
(Bologne, (?) – Fontainebleau (?), entre septembre 1596 et le 28 janvier 1597) |
vant de venir en France, Ruggieri était déjà un peintre reconnu et avait réalisé dans sa ville natale de Bologne des fresques dans deux chapelles de Sainte Maria Maggiore et fait des peintures de la Camera delle Bandine au Palazzo Publico. Son nom est mentionné pour la première fois en France en 1557 dans les archives de la paroisse Saint-Pierre d’Avon, près de Fontainebleau : « Roger de Roger de Boulongne La Gace » fut parrain, le 3 juillet, de Gilles, fils de Guillaume Bataille. Il est cité dans le même registre en 1560, 1567, 1569, 1572, 1575 et 1595. La continuité de son domicile à Fontainebleau se trouve ainsi affirmée.
Ruggieri figure dans les Comptes des Bastiments pour divers travaux de peinture au château de Fontainebleau : la décoration du cabinet du trésor du roi (1561) ; celle, en grotesque, de la salle à manger de l’appartement du roi (1572, payé 433 l. 6 s. 8 d. t. « pour chaque travée de 12 pieds de long ») ; celle, « tant en grotesque que en pierres mixtes [mosaïque] et autres couleurs, en l’allée qui va de la laicterie dudit chasteau en la salle de ladite laicterie » (1563, payé 135 l. t.). En 1559 le roi lui paya 360 l. t. « pour avoir par luy fait dix patrons de grotesque de la généalogie des dieux ». En 1562, il reçut 275 l. t. « pour ouvrages de paintures qu’il a faits en la gallerie de la Reyne » au château de Saint-Germain-en-Laye. Le 5 août 1569, il s’engagea à peindre pour Nicolas Legendre, seigneur de Villeroy, dix grands tableaux à l’huile sur le sujet de l’histoire d’Ulysse et des grotesques à la voûte de la galerie où seront placés ces tableaux.
Depuis sans doute 1570 – date de la mort de Primatice – Ruggieri devint garde et gouverneur du Grand jardin du château de Fontainebleau[1] avec les gages de 400, puis de 600 livres tournois. Son nom figure sur l’Estat des pensionnaires du roy en son Espargne, 1578, faict et mis au net sur celluy de l’année 1576, avec les augmentations depuis y mises : « Roger de Rugiery, painctre de sa d. magté à Fontainebleau, garde et gouverneur du Grand jardin du d. Fontainebleau au lieu et place de Primadecy, pour sa vieille pension IIIIc et IIc livres d’augmentation VIc livres. » Il recueillit peu de temps après la charge de « superintendant des peintures de Fontainebleau », qui s’ajouta aux précédentes par suite du décès du titulaire, le peintre Giulio Comillo dell’Abate, rémunéré de ce fait à raison de 400 livres. Ruggieri réunit ainsi en sa main les charges dont Primatice était autrefois titulaire.
Par ailleurs, depuis au moins 1574, Ruggieri portait le titre de « peintre et valet de chambre ordinaire du roi » et depuis au moins 1570 celui – honorifique – de « peintre de la reine mère ». En cette qualité il se chargea pour elle, entre autres, de la décoration de l’Hôtel de la reine à Paris :
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« Audict de Rugery, painctre ordinaire de la Royne, la somme de C escus sur et tant moings des ouvraiges faicts de painctures sur thoille, que aultrement, sculpture et tournemens de festons de lierre, or clicquant et autres, que pour les façons et estoffes de deux chevaulx et d’une façon de nue, le tout faict et atourné d’une belle sorte et manière, tant de ladicte painture que sculture, qu’il a promis et commencée faire, pour l’aornement de ladicte grande salle de forme ovalle. A luy la somme de deux cens escus, le trentiesme jour de septembre [1581]. » |
Officialisé en 1583, il apparaît dans les états de la maison de Catherine de Médicis de 1583 (sous le prénom erroné de Louis) et de 1587 (comme Roger), percevant 400 livres. C’est en effet avec le titre de « peintre du roi et de la reine sa mère, concierge des grands jardins de Fontainebleau » qu’il figure dans l’acte de nomination d’arbitres par Jérôme de Gondi et Jacques Patin dans le procès qui les oppose concernant une commande non payée par Gondi : Ruggieri fut choisi par les parties comme « tiers arbitre ».
Ruggieri possédait un moulin à papier appellé « le Moulin à huile », sur la rivière d’Étampes à Essonnes, près de Corbeil, qu’il loua pour six ans en 1578 à Robert Gobert, maître papetier à Essonnes, puis, en 1583, pour trois ans supplémentaires à Claude Marchant (sans doute l’héritier de Gobert), moyennant d’abord 120 l. t. de loyer, puis 26 écus d’or soleil.
Une quittance datée du 21 décembre 1595 est l’un des derniers documents où le nom de Ruggieri est mentionné et au bas duquel figure sa signature :
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« En la présence des Notaires du Roy nostre Sire ou Chastellet de Paris, soubsignez, Roger de Rogery, paintre et jardinier du grand jardin du Roy à Fontainebleau, a confessé avoir eu et reçeu comptant audit Fontainebleau, den le vingt deuxième jour d’octobre dernier, de noble homme Me Jehan Jacquelin, Trésorier des Bastiments du roy, la somme de vingt troys escuz soleil sept solz tournois, en [laissé en blanc], à luy ordonnée pour son parfaict payement et remboursement de la somme de neuf cens quatre vingts trois escuz sept solz tournois par ledit de Rogerie paiée et acquitée, assavoir VIIc XXXIII l. VII s. à plusieurs maneuvres qui ont travaillé, depuis le premier décembre mil Vc IIIIxx quatorze jusques au dernier juillet dernier, à deffricher et labourer les prez du grand jardin dudict chasteau de Fontainebleau et porté les tares pour rendre ledit jardin à niveau, ainsy qu’il a esté commandé par Sa Majesté, selon que plus à plain est porté et mentionné par l’ordonnance de ce faicte et expédiée, de laquelle somme de XXIII écus sol. VII s. tz, ledit de Rogery s’est tenu pour contant, en a quicté et quicte led. Sr Jaquelin trésorier susdit et tous autres. Promettant, obligeant, renonçant. Faict et passé ès hostelz des Notaires le dernier jour de décembre avant midy mil Vc quatre vingtz quinze, et a signé
Signé : RUGIERO DE RUGIERI CHAPELAIN. LE VASSEUR. » |
Ruggieri (« Roger de Rogery »), peintre de la Reine mère à Fontainebleau, y demeurant, épousa, par contrat passé le 26 novembre 1570, une Française, Marie Mulard (et non Millard), fille de Gilles Mulard, procureur au Parlement, et de Marie Charlet. Leur fille Marie fut baptisée à l’église d’Avon le 10 juin 1574, ayant pour parrain « Jehan Danja, capitaine du gouverneur du chasteau de Fontainebleau et de la foret de Bievre et grand fruitier de la dite forest ». Elle mourut probablement peu après. Une autre fille, également prénommée Marie, fut tenue sur les fonts baptismaux le 6 janvier 1576 par son oncle, Jacques Mulard (Mullart), procureur en la cour du Parlement. D’après deux actes de la collection Fillon passés le 22 janvier 1587, elle fut l’héritière « par bénéfice d’inventaire » de son oncle, et au nom de sa fille Ruggieri régla l’équivalent de 2000 l. t. aux enfants de Jean Delisle. D’après les registres de l’état civil de l’église paroissiale Saint-Pierre d’Avon, il eut une autre fille, Antoinette, qui, le 19 décembre 1593 fut la marraine d’Anne, fille de Jacques Bauldoin. Le 9 juin 1596 Antoinette « Rogeris » épousa dans cette même église le « noble homme Anthoine de Tabouret », valet de chambre du roi (dit jardinier dans un acte de 1602 et peintre dans un autre de 1612). C’est donc Marie de Rogery qui épousa le peintre Toussaint Dubreuil qui fut le collaborateur de Ruggieri pour la réalisation de vingt-sept peintures de l’Histoire d’Hercule destinées à la décoration de deux chambres du pavillon des Poêles du château de Fontainebleau.
Ruggiero de’ Ruggieri mourut entre septembre 1596 et le 28 janvier 1597 : Dans les registres de l’état civil de l’église paroissiale d’Avon, il apparaît comme vivant le 11 septembre 1596, sa fille Antoinette étant alors marraine d’Anne de Vernansal, et comme « défunt honeste personne maistre Roger de Rogeris » le 28 janvier 1597, lors du baptême de Martin Jamain. |
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[1] Il porte ce titre dans les actes de l’état civil de l’église paroissiale d’Avon dès 1571. |
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